Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bardée de fer, l’arrêta court au milieu du grenier.

Qui frappait ainsi ? Le bruit venait du côté de la maison de la rue Rodier, et Marcandier qui n’y couchait jamais n’était certainement pas là à onze heures du soir.

— Veux-tu te taire, coquine ! cria une voix que Bécherel crut reconnaître.

L’effet de cette injonction grossière ne se fit pas attendre. La prisonnière se tut immédiatement.

Les choses s’étaient passées ainsi, le jour où Bécherel avait cogné la porte, et la pauvre femme devait être accoutumée à obéir aux avertissements de ce genre. Celui-là lui était sans doute envoyé par l’affreuse portière de l’usurier, et Robert pensa que cette mégère se servait pour frapper du manche de ce fameux balai dont elle l’avait menacé, le matin, pour l’empêcher de monter chez Rubis sur l’ongle.

Le bruit avait cessé, mais rien ne prouvait qu’elle ne fût pas restée là, l’oreille au guet, et l’incident mit fin aux dernières hésitations de Robert. Il se dit que, s’il essayait encore de calmer la séquestrée ou seulement de s’approcher d’elle, les cris allaient recommencer. Or, la Rembûche, qui possédait toute la confiance de son maître, avait probablement une clef de la porte bardée de fer. Elle pouvait entrer dans la louable intention de corriger la recluse pour l’empêcher de hurler, et alors Robert, se trouvant face à face avec la vieille sorcière, n’aurait eu d’autre parti à prendre que celui de l’étranger.

Il en avait bonne envie, mais cet acte de vigueur n’aurait servi qu’à empirer sa situation. Alors