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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/267

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même que toutes les portes du grenier eussent été ouvertes, la malheureuse qu’il voulait délivrer ne l’aurait pas suivi. Et, d’ailleurs, que faire d’elle si par miracle elle consentait à sortir ? On ne circule pas dans les rues sans attirer l’attention des passants, quand on traîne à son bras une femme aux allures étranges, à peine vêtue d’un costume bizarre qu’on aurait remarqué, même en temps de carnaval. Et il était très douteux qu’un fiacre se trouvât là tout à point pour l’emmener, un fiacre où elle aurait peut-être refusé de monter. Mieux valait encore la laisser en prison, sauf à recommencer plus tard l’expédition qui avait si mal tourné.

Il revint sur la pointe du pied à l’endroit où il avait posé sa lanterne et il s’empressa de l’éteindre, de peur qu’un rayon de lumière filtrant par le trou de la serrure n’avertît la Rembûche que la prisonnière n’était pas seule.

Il s’agissait maintenant de s’en aller.

Il suspendit le falot à son cou, comme il l’avait déjà fait, retrouva à tâtons la corde à nœuds et l’empoigna pour grimper jusqu’à la fenêtre.

Blottie derrière le paravent, la recluse ne bougeait plus et, aux bruits de toute espèce, avait succédé un silence profond. C’était le moment de partir, car la pauvre femme aurait pu s’aviser de sortir de sa cachette et de crier encore plus fort, au risque de provoquer une intervention décisive de la mère Rembûche.

Bécherel se hissa à la force du poignet, atteignit promptement l’ouverture, se glissa sur le toit, attira à lui la corde, détacha le crampon, se campa solidement sur les tuiles afin d’éviter un nouvel accident,