Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenant-colonel, en retraite. Ta lettre me serait arrivée tout droit, rue de la Boëtie, 64.

— Je réparerai mes torts en me présentant chez vous, très prochainement, si vous me le permettez.

— Non seulement je te le permets, mais je t’y convie. Tu sais que j’aimais beaucoup ton père et tu dois avoir besoin des conseils d’un vieux routier comme moi. Oh ! ne crains rien. Je ne te sermonnerai pas, mais je te piloterai sur la mer parisienne où tu me fais l’effet de naviguer sans boussole. Elle est semée d’écueils, cette mer orageuse. Je les connais tous et je te les signalerai. Veux-tu pour commencer, que je te renseigne sur les gens qui sont ici ?

— J’allais vous en prier, mon colonel.

— C’est facile. Nous avons d’abord la maîtresse de la maison. Je ne sais pas où elle a pris son titre de comtesse, mais je sais fort bien qu’elle n’a jamais été mariée.

— Je m’en doutais un peu. Alors, c’est une femme galante… une horizontale retirée des affaires, après fortune faite.

— Non. C’est une ancienne modiste qui s’est enrichie dans le commerce. Seulement, elle a eu dans le cours de sa longue carrière quelques associés… le dernier la commandite encore…

— Il est ici sans doute. Montrez-le-moi, mon colonel.

— Il n’y est pas. Il n’y est jamais. Il se garderait bien d’y venir. Mais la Malvoisine et lui sont unis comme les deux doigts de la main, car leurs intérêts sont les mêmes. Il y a un cadavre entre eux.

— Comment ! un cadavre ?