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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/294

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lever par un mauvais sujet de chardonneret. Il s’agissait de la remplacer ; un concours allait s’ouvrir et toutes les oiselles du royaume étaient appelées à y prendre part, au grand chagrin de la reine Pintade, qui craignait que son roi, mélomane enragé, ne s’amourachât de celle qui remporterait le prix.

Cette exposition naïve en parut pas déplaire, grâce aux calembours et aux grimaces dont l’assaisonna Vautour Ier, un gros et vieux comique, très aimé des habitués du théâtre des Fantaisies. Le public patientait parce qu’il attendait la chanteuse si tapageusement annoncée. Et Robert augurait assez mal de l’opérette qui commençait si niaisement.

Tout à coup, la porte d’une avant scène du rez-de-chaussée s’ouvrit avec fracas et tous les yeux se tournèrent vers les retardataires qui s’annonçaient si bruyamment.

La première qui se montra fut Mme de Malvoisine, en grande toilette, couverte de bijoux et outrageusement décolletée ; Mlle des Andrieux la suivit de près et elles s’établirent sur le devant de la loge, en étalant leurs robes et en remuant sièges et petits bancs, au grand mécontentement des spectateurs sérieux qui ne se gênèrent pas pour murmurer.

Bécherel pâlit en voyant ces dames. Il espérait presque qu’elles ne viendraient pas, et maintenant il ne pouvait plus se dissimuler que Violette allait avoir à compter avec leur malveillance.

Il s’aperçut tout de suite qu’au lieu de regarder la scène, elles lorgnaient la salle à qui mieux mieux, et il en conclut qu’elles y cherchaient les