Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amis convoqués par elles pour chuter la débutante.

Herminie, sa jumelle collée à ses yeux, distribuait de-ci de-là de petits signes de tête, et Bécherel remarqua fort bien que le plus amical de tous était adressé à Julia Pannetier, cantonnée dans une première loge, en face de l’avant-scène.

Évidemment l’entente était faite entre ces demoiselles ; elles avaient des soutiens parmi les spectateurs et Herminie les cherchait avec sa lorgnette, comme un général, avant le combat, passe en revue ses soldats pour s’assurer que chacun est à son poste.

Cependant, le Roi Vautour, un instant troublé par le tapage de cette entrée, avait repris sa tirade, émaillée de bons mots au gros sel, et on riait. Son allocution à ses sujets fut interrompue par l’apparition d’une mouette, qui arrivait à tire d’ailes, c’est-à-dire en courant, annoncer que deux oiseaux inconnus dans l’île venaient de s’abattre, poussés par la tempête, sur les rochers de la plage et chantaient d’une voix mélodieuse. Sa majesté ordonna qu’on les amenât en sa présence. Quatre superbes perroquets se détachèrent de la troupe des gardes, disparurent entre le dernier portant et la toile de fond et revinrent presque aussitôt, escortant les naufragés : un rossignol et une fauvette.

Le rossignol était naturellement le ténor du théâtre des Fantaisies, premier sujet du boulevard du Temple, et cabotin jusqu’au bout des ongles.

Il avait été jadis du dernier bien avec Julia Pannetier.

La fauvette était la débutante, et un murmure approbateur salua son entrée.