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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/300

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sonnèrent agréablement à ses oreilles : — En voilà pour cent représentations. — Grâce à la débutante, car la pièce est stupide. — On n’est pas jolie comme cette petite. — Et quelle voix ! c’est du cristal !

— Une Diva nous est née, prononça gravement un critique important.

Bécherel l’aurait volontiers embrassé. Mais il se contint et il monta au foyer, sans se préoccuper des rencontres qu’il y pourrait faire.

Il n’était pas grand le foyer des Fantaisies Lyriques, et Bécherel n’y vit d’abord que des figures inconnues. Il aurait voulu y rencontrer M. de Mornac, car il éprouvait le besoin de parler de son bonheur à un ami, et il s’était engagé à ne pas mettre les pieds dans les coulisses. Maintenant, il rejetait bien loin les odieuses suppositions qui hantaient son esprit avant d’entrer au théâtre et il ne doutait plus que la lettre anonyme ne fût un tissu de mensonges impudents et de calomnies stupides.

— Je la lui montrerai dès ce soir, se disait-il, car j’espère bien qu’après la représentation, il accompagnera Violette jusqu’à la voiture où je l’attendrai. Nous rirons tous les trois de cette sotte Herminie et de ses complices qui se sont mis en frais d’imagination pour écrire cette épître maladroite.

Il se lassa bientôt d’être bousculé dans la foule. Après s’être accoudé un instant au balcon qui dominait le boulevard, il sortit du foyer et il allait descendre l’escalier pour reprendre sa place à l’orchestre, lorsque dans le couloir des premières loges il se trouva précisément derrière un monsieur