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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/306

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à donner des signes d’impatience très accentués.

Les mots « silence ! » et « fermez la porte ! » prononcés à demi-voix par les spectateurs les moins endurants intimidèrent l’homme qui remplit à l’orchestre les fonctions dévolues, aux premières, à des ouvreuses de loge, et voyant que Bécherel ne faisait pas mine de bouger, cet employé de Cochard imagina un moyen de s’acquitter de la commission que, sans doute, on venait de lui confier et de lui bien payer.

Il dit quelques mots à l’oreille d’un monsieur assis sur le strapontin le plus rapproché de la porte et il lui remit le papier qu’il tenait. Ce monsieur eut la complaisance de le passer à son voisin, qui en fît autant, après avoir regardé la suscription, et de main en main le billet arriva jusqu’à Bécherel.

On chuchotait, on riait sous cape et on regardait à la dérobée le destinataire de ce message transmis par une voie rapide autant qu’inusitée, mais on ne grognait plus et le silence se rétablit promptement.

Robert, le plus étonné de tous, prit avec une certaine hésitation le papier plié en quatre et vit qu’il portait non pas son nom, mais ces mots écrits au crayon : « À la personne qui occupe le fauteuil numéro 89 sur le troisième rang, côté droit de l’orchestre. »

Qui lui envoyait cela ? Évidemment, quelqu’un qui était dans la salle ou sur le théâtre. Violette, peut-être ; à moins que ce ne fut Galimas ou Marcandier. Et quel avis ou quel défi lui apportait ce pli qui n’était même pas cacheté ?

Bécherel, assez inquiet, l’ouvrit et il eut quelque peine à y déchiffrer cet avertissement :

« Ta mère vient d’arriver à Paris. Il paraît qu’elle