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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/307

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t’a écrit et que tu n’as pas reçu sa lettre. N’ayant trouvé personne à la gare ni à ton entresol du Faubourg Poissonnière, elle a envoyé chez moi ton portier que mon valet de chambre a renvoyé ici. Je viens de le voir et de lui dire que tu allais venir immédiatement. Ta mère t’attend dans la loge du concierge, qui n’a pas la clé de ton appartement, et ton groom est sorti. Tu ne peux pas la laisser là. File, sans perdre une minute et reviens dès que tu l’auras installée. Raconte-lui une histoire quelconque pour lui expliquer que tu es obligé de t’absenter une heure ou deux.

» Elle ne te retiendra pas et tu pourras être de retour au théâtre avant la fin du troisième acte. Violette compte sur toi pour la reconduire, après la représentation et, en attendant, elle m’a prié de ne pas la quitter un seul instant. Donc, il m’est impossible de bouger du théâtre. Demain, je verrai Mme de Bécherel et je te soutiendrai. Ce soir, c’est à toi de la calmer.

» Ici, tout marche à souhait. Le succès est assuré, et quel succès ! Avant deux ans, ta petite amie sera engagée à l’Opéra. Tu dois être content. Moi, je jubile. »

En fait de signature, il n’y avait qu’une initiale, un M ; mais ce billet ne pouvait venir que du colonel et Robert le crut.

Content ! il ne l’était guère, le pauvre amoureux. La malencontreuse arrivée de sa mère gâtait toute la joie que lui causait le triomphe de Violette. Mais il est juste de dire qu’il n’hésita pas à suivre le conseil de M. de Mornac.

Elle était en scène, sa chère amoureuse, et il