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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/308

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allait sortir au beau milieu d’un acte, mais le colonel avait dû dire à Violette pourquoi son ami partait et il la connaissait assez pour savoir qu’elle lui pardonnerait de se rendre à l’appel de Mme de Bécherel. Il se réservait d’ailleurs de plaider lui-même sa cause, après la représentation.

Il se leva donc et il se mit en devoir de gagner la porte.

Ce n’était pas chose facile, car il en était très loin et il lui fallait passer par-dessus dix spectateurs, peu disposés à se déranger.

À peine fut-il debout que les cris : « Assis !… assis donc ! » éclatèrent derrière lui. Il ne s’en préoccupa point et il avança bravement sans s’inquiéter davantage des réclamations de ses voisins. Et ce n’était pas ceux qu’il enjambait qui criaient le plus fort. Ceux-là lui avaient passé le billet et devinaient que ce jeune homme venait d’être appelé dehors par la nouvelle d’une catastrophe qui le touchait de près : quelque chose comme la mort subite d’un proche parent ou un incendie à son domicile. Mais les autres, n’ayant rien vu, s’indignaient contre l’impertinent qui troublait le spectacle et on l’interpellait de tous les coins de la salle. Le tapage était si fort que les acteurs cessèrent momentanément de jouer et Robert avant d’arriver à la porte, eut le crève-cœur de voir Violette pâlir et interrompre l’air qu’elle venait de commencer. Il était trop avancé pour reculer et il alla jusqu’au bout, poursuivi par les huées.

Dans le couloir, il trouva l’ouvreur qui en lui présentant son pardessus, lui dit que le billet avait été apporté des coulisses du théâtre, et Bécherel ne