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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/309

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douta plus qu’il ne lui eût été adressé par M. de Mornac.

Il courut à la sortie sur le boulevard, sauta dans un fiacre et invita le cocher à brûler le pavé, s’il voulait gagner un royal pourboire.

Qu’allait-il dire à sa mère, ce fils affolé par un incident si extraordinaire ? Il n’en savait rien encore mais il espérait qu’en route, il lui viendrait une inspiration et surtout il comptait sur l’inépuisable indulgence de Mme de Bécherel. Après tout, elle ne pouvait pas trouver mauvais que n’étant pas prévenu de son arrivée, il eût disposé de sa soirée ; et elle n’exigerait certainement pas qu’il restât auprès d’elle, après l’avoir installée chez lui.

Les difficultés inhérentes à la situation ne surgiraient que plus tard, quand le moment viendrait de lui parler de ses vues sur Violette ; et, en attendant, il se réjouissait sincèrement de la revoir, car il l’aimait de tout son cœur.

Stimulé par l’espoir de mériter la récompense promise, le cocher fouailla si bien son cheval qu’il ne mit pas dix minutes à faire le trajet. Quand il arriva, Robert, sans prendre le temps de le payer, se précipita dans le vestibule de la maison et ne fut pas médiocrement étonné de trouver son portier assis au coin d’un bon feu et lisant tranquillement un journal du soir.

Un dialogue s’engagea qui eût été comique, s’il s’était agi d’un quiproquo ordinaire. Le concierge, ahuri, déclara qu’aucune dame n’était arrivée, qu’il ne connaissait pas du tout M. de Mornac et qu’il n’avait pas quitté sa loge de toute la soirée. Bécherel, non moins abasourdi, insista, ne put rien tirer de