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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/311

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présence va rassurer Violette, qui doit se demander ce que je suis devenu. Et, après la représentation, je montrerai ce papier au colonel en même temps que la lettre anonyme de tantôt… Deux dans le même jour, c’est un peu trop. Je ne lui fais pas l’injure de croire que c’est lui qui m’a écrit la seconde, mais je tiens à lui mettre sous les yeux toutes les pièces du procès.

Bécherel arriva au théâtre au moment où l’entr’acte finissait, et il se hâta de regagner sa place pour éviter d’attirer encore une fois sur lui l’attention de toute la salle. Il aurait volontiers interrogé de nouveau le préposé à l’entrée de l’orchestre, car il ne s’expliquait pas comment le billet au crayon avait pu venir des coulisses, mais cet homme n’était pas à son poste et Robert ne s’attarda point à l’attendre.

Il arriva assez vite à son fauteuil, mais non pas sans peine, car beaucoup de spectateurs étaient déjà rentrés.

Il vit dans leur avant-scène la comtesse et sa fille, mais pas Marcandier, ni Gustave. En revanche, Julia Pannetier paradait aux premières loges, entourée de ses bonnes amies et il lui sembla qu’elle avait l’air triomphant, à ce point qu’il se demanda si on avait sifflé Violette à la fin du deuxième acte.

Il s’aperçut aussi que le public murmurait, parce que la toilette ne se levait pas.

Pour peu qu’on ait fréquenté les salles de spectacle, on connaît ces impatiences qui s’emparent subitement du public, on en a suivi le développement et on a assisté à leurs effets.