Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bécherel remarqua aussi que la belle Herminie souriait méchamment et échangeait des signes avec Julia Pannetier qui se démenait là-haut dans sa loge.

Ces aimables personnes se réjouissaient sans doute d’un contre-temps qui ne pouvait pas manquer d’indisposer le public contre la débutante, mais elles ne paraissaient pas plus s’en étonner que si cet incident eût fait partie du programme de la soirée.

Enfin, au moment où Robert commençait à s’inquiéter sérieusement, les trois coups retentirent et furent salués par des acclamations universelles.

Pendant que le rideau remontait vers les frises, le silence se fit comme par enchantement.

On applaudit même un très beau décor, représentant le palais du Roi des Oiseaux, un décor pour lequel Cochard s’était mis en frais, mais on s’étonna un peu de n’y voir ni Vautour Ier, entouré de sa garde, ni la reine Pintade escortée de ses demoiselles d’honneur. Pas un acteur ou une actrice, pas un figurant ni une figurante. La scène était déserte et si splendide que fût le palais, il ne pouvait pas suffire seul à contenter la curiosité de spectateurs déjà fort agacés.

Alors, on vit sortir de la coulisse et s’avancer jusqu’au trou du souffleur, un personnage en habit noir qui avait la mine grave et contrite d’un régisseur obligé de faire une annonce.

Robert, déjà très ému, se flattait qu’il venait réclamer l’indulgence du public pour une artiste pris d’un enrouement subit et il tremblait qu’il ne s’agît de Violette.

Le régisseur commença ainsi :