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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/316

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en distribuant des coups de poing qui lui furent rendus avec usure, se jeta dans l’allée, grimpa jusqu’au premier étage, bouscula des garçons de théâtre, enfonça des portes et finalement entra comme un obus sur la scène où se démenaient Cochard, son régisseur, le ténor Florimond et quelques autres.

Le nom de Marie Thabor sortait de toutes les bouches, accompagné d’épithètes peu flatteuses et quand ils virent apparaître Bécherel, fait comme un voleur, Bécherel qu’aucun d’eux ne connaissait, tous ces affolés se jetèrent sur lui pour l’expulser, mais il sut se débarrasser de ceux qui le tenaient déjà au collet.

— Je suis un ami du colonel Mornac, dit-il en s’adressant au directeur. Où est Mlle Thabor ?

— Allez demander ça à votre colonel, répliqua Cochard qui ne se possédait plus. Il est parti un quart d’heure avant elle. Il l’a peut-être rencontrée. Ah ! il peut se vanter de m’avoir fait là un joli cadeau. Je suis ruiné du coup. Il y perdra cent mille francs, mais ça ne me console pas.

— Mais enfin, que s’est-il passé ?

— Il s’est passé que cette créature a trouvé joli de se faire enlever par un monsieur qui était probablement dans la salle et qui lui aura offert de la mettre dans ses meubles. Eh bien ! il lui en coûtera bon à tous les deux, car je la repincerai, la gueuse… et je lui ferai un procès. Je lui demanderai trois cent mille francs de dommages et intérêts… et le monsieur les paiera.

— Le nom de cet homme ?

— Est-ce que je sais, moi ? Vous vous figurez