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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/317

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donc qu’elle m’a pris pour confident ? Elle n’avait pas qu’un amant, je suppose. Cherchez dans le tas. Et au surplus, vous m’ennuyez. J’ai autre chose à faire que de vous répondre. Fichez-moi la paix.

Bécherel furieux allait sauter à la gorge du directeur, quand le colonel arriva fort à propos pour contenir son jeune ami. Malheureusement, la colère de Bécherel se tourna contre M. de Mornac.

— Vous devez le savoir, vous, où elle est ? cria-t-il.

— Qu’est-ce à dire ? répliqua le colonel en se redressant, et d’où vient que tu te permets de me parler sur ce ton ?

— Violette est partie avec vous.

— Ah ça, est-ce que tu deviens fou ?

— Je vous somme de m’apprendre où vous l’avez conduite.

— Et moi, je te somme de te taire.

— Vous ne nierez pas que vous êtes son amant.

— Voilà qui est trop fort, et si tu crois que je me laisserai insulter par un gamin de ton espèce…

Robert, hors de lui, leva la main, mais le colonel la saisit en l’air et arrêta le geste qui allait se terminer par un soufflet.

— Je le tiens pour reçu, dit-il froidement. Tu vas sortir avec moi et nous allons régler nos comptes.

Mon cher Cochard, reprit le colonel, sans se départir de son calme, je suis désolé de ce qui vous arrive et je me regarde comme engagé à vous indemniser du préjudice que vous a causé ma protégée. Excusez-moi de vous l’avoir recommandée. J’aurais dû prévoir ce qui vient de se passer. Et