Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le diable s’en est mêlé. J’étais sorti pour aller fumer un cigare dehors, quand cette enfant a décampé. Si j’avais été là, je l’aurais empêchée de filer, croyez-le. Mais le mal est fait et je vous le répète, je tacherai de le réparer.

— Encore si elle avait attendu la fin de la représentation ! gémissait le pauvre directeur. Mais il paraît que ça lui a pris comme un accès de folie. Son habilleuse m’a raconté qu’au moment où la malheureuse sortait de sa loge pour descendre en scène, un garçon d’accessoires lui a remis une lettre… elle l’a lue et elle a continué à descendre sans prononcer une parole… seulement, au lieu d’entrer dans la coulisse, elle est descendue dans la rue… le concierge l’a vue passer et deux machinistes qui fumaient leur pipe sur le trottoir l’ont vue monter dans une voiture qui l’attendait.

— Et elle y est montée telle qu’elle était, en costume de fauvette… je viens de les interroger ; j’ai aussi questionné l’habilleuse et je suis parfaitement au courant. Il n’y a qu’une chose que j’ignore comme vous, c’est la cause de cette fugue.

— La cause ! elle n’est pas difficile à deviner. Cette péronnelle était la maîtresse d’un homme qui m’en veut et qui lui aura offert une forte somme pour me jouer ce tour-là. C’est ce gredin qui lui a envoyé la voiture et qui lui a écrit que le moment était venu de planter là le théâtre. Il savait bien ce qu’il faisait, le misérable !

— Soupçonnez-vous quelqu’un ?

— Non. J’ai des ennemis à remuer à la pelle. Lequel a fait le coup ? je ne m’en doute pas.