Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

borné à lui adresser quelques paroles affectueuses. Aussi était-elle en possession de tous ses moyens quand elle fit sa première entrée. Elle avait gardé toute sa lucidité, à ce point qu’elle reconnut parfaitement Herminie à l’avant-scène du rez-de-chaussée et Robert aux fauteuils d’orchestre.

Les applaudissements ne l’avaient pas troublée, pas plus que le coup de sifflet parti des troisièmes galeries. Et à la fin du premier acte, on lui avait fait dans les coulisses une véritable ovation dont M. de Mornac avait pris sa bonne part.

Violette n’en était pas plus fière pour cela et sa modestie lui avait gagné tous les cœurs, même ceux de ses camarades.

L’acte suivant n’avait pas moins bien marché et le succès n’était plus douteux, un succès colossal, lorsque Violette avait vu Robert se lever et sortir précipitamment. Alors, pour la première fois, elle s’était troublée, mais la représentation avait pu continuer et la toile était tombée au bruit des bravos unanimes qui n’avaient pas calmé les inquiétudes de la débutante acclamée. Elle se demandait pourquoi Robert était parti subitement et elle avait déjà le pressentiment d’un malheur.

Elle aurait voulu confier ses tourments à M. de Mornac et le prier de se mettre à la recherche de son jeune ami, mais le colonel n’était plus là. Il venait de quitter le théâtre en annonçant à Cochard qu’il allait fumer un cigare en plein air, et qu’il serait de retour avant que le rideau se levât pour le troisième acte. Violette s’était résignée à remonter dans sa loge.

Elle en sortait, lorsqu’un garçon d’accessoires