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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/327

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chevaux d’une voiture lancée à fond de train. On l’a relevé évanoui et on craint qu’il n’ait une jambe cassée.

— Où est-il ?

— Tout près d’ici, mademoiselle. M. de Mornac fort heureusement a été témoin de l’accident et il a fait transporter M. de Bécherel chez une dame qui habite un hôtel, quai de Valmy. Nous y serons dans cinq minutes.

Violette n’avait jamais entendu parler du quai de Valmy. Elle n’était pas renseignée non plus sur le train de vie de maison du colonel, mais elle savait qu’il était très répandu dans tous les mondes. Elle crut que la voiture et les gens étaient à lui et elle ne s’étonna pas qu’il fût en relations avec une dame logée dans un quartier très éloigné de son domicile. Elle ne fit donc aucune difficulté pour monter dans un coupé fort bien attelé qui stationnait un peu plus loin.

Le domestique ferma la portière, grimpa sur le siège à côté du cocher, et le cheval fila comme un trait, par la rue Saint-Maur, en traversant le canal Saint-Martin.

Avant le pont, le cocher tourna à gauche et Violette s’aperçut à peine qu’elle roulait sur un quai, très désert à cette heure, bordé de magasins et de quelques rares maisons fort peu éclairées. Elle ne pensait qu’à Robert et elle trouvait que le cheval, qui brûlait le pavé, n’allait pas assez vite.

Bientôt le cocher ralentit l’allure et le coupé, après avoir décrit une courbe savante, entra sous une