Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Toutes ces pièces étincelaient, mais elles étaient vides.

— Ce domestique se sera trompé, pensa Violette. On a transporté M. de Bécherel au second.

Elle revint sur ses pas et monta bravement à l’étage supérieur.

Là, elle trouva encore des illuminations et une porte ouverte : celle d’une bibliothèque garnie d’armoires en ébène dont les vitres laissaient voir une collection de livres richement reliés qui n’avaient pas l’air d’être des livres honnêtes. Leur petit format et leurs titres, imprimés en lettres d’or, sentaient le fagot.

Violette ne s’arrêta point à les examiner et pénétra dans une chambre à coucher dont l’aspect n’était pas plus rassurant. Il y avait des glaces partout, même au fond du lit, caché dans une alcôve, tout enguirlandée de dentelles.

Plus loin, c’était le cabinet de toilette : une merveille de luxe coquet. La baignoire, la table, les vases étaient en onyx ; les menus objets en ivoire ou en argent.

Une honnête femme aurait eu peur de se damner en s’habillant là, et Violette n’osa pas franchir le seuil de ce réduit, arrangé évidemment pour l’usage d’une courtisane. Elle comprit alors qu’on l’avait indignement trompée, et elle ne songea plus qu’à fuir avant que l’homme qui l’avait attirée là ne se montrât. Mais comment ? Elle avait entendu fermer la porte cochère et elle n’espérait guère que les valets de ce misérable consentiraient à la lui ouvrir.

Elle courut à la fenêtre pour appeler au secours.