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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/334

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quoique votre costume vous aille fort bien. Vous êtes charmante en fauvette.

Violette n’en revenait pas d’entendre cet homme lui parler ainsi. Il ne croyait pas qu’elle pût refuser le sort brillant qu’il lui offrait. Ce coulissier fastueux n’était point accoutumé à rencontrer des femmes que l’or n’éblouissait pas, et sûr de triompher définitivement, il consentait sans trop de peine à attendre. Alors, elle en vint à se demander si elle ne ferait pas bien de profiter du délai qu’il lui accordait et de chercher un moyen de fuir. Pour cela, il fallait qu’elle ses débarrassât de lui, jusqu’au lendemain et elle ne pouvait y réussir qu’en feignant d’accepter la convention qu’il lui proposait.

— Nous sommes d’accord, chère enfant, reprit-il ; un accord provisoire, je le sais bien, mais qui deviendra définitif, je n’en doute pas. Pour l’instant, je tiens à vous prouver que je ne suis pas si méchant que j’en ai l’air. Je vais donc vous souhaiter le bonsoir. Nous reprendrons cette conversation demain et, avec moi, je vous le répète, vous serez libre comme l’air, car je suis convaincu que vous n’abuserez pas de votre liberté.

C’est convenu, n’est-ce pas ?

— Je vous saurai gré de vous retirer, mais je ne vous promets rien, répondit fièrement Violette.

— Bon ! bon ! je ne vous demande pas de serments ; ricana Galimas. Je sais ce qu’ils valent, les serments. J’aime bien mieux compter sur votre conversion volontaire. Vous êtes intelligente. Vous y viendrez.

Et, sans attendre la réponse, il disparut, en