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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/335

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refermant la porte derrière lui ; pas à clé, car Violette n’entendit pas grincer la serrure. Il pouvait donc revenir, quand il lui plairait, et la première pensée de la pauvre enfant fut de se précautionner contre un retour offensif, en poussant le verrou. Mais elle le chercha vainement, ce verrou protecteur. La porte n’en avait pas et cette chambre maudite restait à la discrétion de qui voulait y entrer.

Violette, désespérée, revint à la fenêtre et s’y cantonna. C’était la seule ressource qui lui restât, non pas pour fuir, car elle se serait tuée en sautant, mais pour mourir, plutôt que de subir les violences de cet homme. Elle y était résolue. La question était de tenir jusqu’au bout et elle sentait bien que la force lui manquerait, si l’attente se prolongeait. Les émotions qu’elle avait subies coup sur coup l’avaient épuisée. Elle tombait de fatigue et une jeune fille, si énergique qu’elle soit, ne résiste pas indéfiniment au sommeil. Et alors même qu’elle resterait sur pied toute la nuit, elle ne serait pas plus en sûreté quand le jour serait venu, car elle ne croyait pas du tout aux promesses de Galimas et, tout profitant de la trêve qu’il avait bien voulu lui accorder, elle s’attendait à voir la guerre recommencer le lendemain.

Où était-il allé ce parvenu grossier qui singeait les procédés des grands seigneurs de l’ancien régime ? Avait-il quitté la place pour lui laisser, comme il le disait, le temps de la réflexion, ou s’était-il caché dans quelque coin de cette odieuse maison, comme un tigre qui guette le moment de surprendre sa proie endormie ?