Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/336

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Elle ne pouvait pas deviner qu’il était allé consulter son complice.

Galimas était profondément vicieux. Il appartenait à cette catégorie d’enrichis qui croient fermement que l’or est le véritable roi de ce monde, et il n’hésitait jamais à satisfaire un caprice, à quelque prix que ce fût. Pourquoi aurait-il hésité, puisqu’il ne croyait pas à la vertu ? Les femmes auxquelles il s’adressait habituellement ne demandaient qu’à être séduites et ces Danaés ne lui résistaient que pour se faire payer plus cher.

Il avait donc été médiocrement impressionné par les refus hautains et la fière attitude de Violette. Il n’y voyait qu’un calcul, et il eût été difficile qu’il n’y vît autre chose, accoutumé comme il l’était aux défenses simulées des femmes de théâtre. Cependant, il avait des doutes. Jamais il ne s’était trouvé à pareille fête. Ces dames ne vont pas, en pareille occasion, jusqu’à menacer de jeter par la fenêtre et, d’ailleurs, il n’avait jamais eu besoin d’enlever personne. Ses arrangements avec ses maîtresses à gages s’étaient toujours traités à l’amiable. Et si, cette fois, il s’était laissé persuader de procéder tout autrement, c’est qu’il lui avait semblé original d’imiter les grandes façons du siècle de Louis XV. Mais il n’entendait pas se compromettre et il ne se souciait pas de se faire une mauvaise affaire avec la justice. Or, les allures de la divette qu’il venait d’attirer dans un piège lui avaient donné à réfléchir, et avant de s’engager plus avant dans une aventure qui menaçait de tourner au drame, il voulait savoir ce qu’en pensait l’organisateur de ce guet-apens.