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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/344

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— Dix francs pour vous, lui cria-t-elle, si vous voulez me conduire rue de Constantinople.

— Tout de même, ma petite dame, répondit cet homme en arrêtant ses chevaux. Et je vous mènerai bon train. Montez !

Violette ne se le fit pas dire deux fois. Elle ouvrit la portière, et se jeta, tête baissée, dans le fiacre.

Elle n’eut pas même le temps de s’y asseoir, car elle fut saisie par des mains vigoureuses et on lui appliqua sur la bouche un large bâillon de cuir, pendant qu’on lui liait les jambes et les bras avec des cordes.

Et, pour que rien ne manquât à cet enlèvement, beaucoup plus effrayant que l’autre, on lui banda les yeux avec un mouchoir.

Tout cela s’était fait avec une dextérité et une prestesse extraordinaires, et les scélérats qui la tenaient n’avaient pas prononcé une parole.

Ils étaient au moins deux. L’un s’était assis à côté d’elle, et l’autre en face, sur la banquette de devant, car ce fiacre était à quatre places.

Violette ne pouvait plus ni remuer, ni crier, ni voir et c’est à peine si elle pouvait respirer.

Elle comprit qu’elle était perdue et elle recommanda son âme à Dieu, mais elle avait gardé toute sa lucidité et elle se demandait ce que ces misérables allaient faire d’elle. Pourquoi l’enlevaient-ils ainsi, alors qu’elle était déjà à leur merci, dans l’hôtel de Galimas, et où la conduisaient-ils ?

Les chevaux avaient pris un trot allongé et le fiacre, lancé à fond de train, bondissait sur les pavés inégaux d’une chaussée mal entretenue. Bien-