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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/379

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vous prie de croire qu’elle n’a jamais manqué de rien…

— Il me semble cependant qu’un homme n’est pas en état de donner des soins à… une malade.

— Heu ! Marcandier est bon à tout… Je m’en suis rapporté à lui et il m’a juré souvent que ma femme ne se plaignait pas de son sort.

— Et ces cris que les voisins entendent ?

— Elle crie quand ses accès la prennent… et ils la prennent malheureusement la nuit. Le reste du temps, elle est très calme.

— Une question, monsieur… Si elle était morte dans sa prison, qu’auriez-vous fait ?

Morgan parut un peu déconcerté, mais il répondit sans trop hésiter.

— J’avoue que je n’ai pas prévu le cas.

— Auriez-vous déclaré le décès ? Certainement, non, car il aurait fallu déclarer en même temps comment vivait depuis quinze ans la défunte, et qui elle était.

— Je m’en serais bien gardé. Lorsque j’ai conduit ma femme ici, au retour d’un voyage en Amérique, j’ai dit qu’elle était morte à New-York.

— Et tout le monde a cru que vous étiez veuf. Vous auriez été obligé de la faire enterrer secrètement.

— C’est probable.

— Dans ce jardin, sans doute.

— Je ne sais pas. Marcandier se serait chargé de tout.

— Je n’en doute pas. Mais voyez dans quelle situation vous vous seriez mis. On vous aurait accusé d’assassinat.