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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/42

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part dans la perte. Je verserai les dix mille autres à Galimas… et nous serons quittes.

— Je ne l’entends pas ainsi, dit vivement Robert. Notre association n’était pas illimitée. Il t’a plu de perdre vingt mille francs en deux coups d’écarté. Tu aurais pu aussi bien en perdre cent mille… sans me consulter.

— Il fallait me déclarer que tu te retirais. Et non seulement tu n’as rien dit, amis tu es venu te placer derrière moi pour faire publiquement acte de société. Toute la galerie du reste t’a vu me passer les billets de banque. Maintenant, il te plaît de nier ta dette… c’est fort bien !… J’ai cru à ta loyauté… je me suis trompé… j’en supporterai les conséquences.

Bécherel pâlit de colère, mais il se contint :

— Écoute, Gustave ! dit-il, tout autre que toi ne me parlerait pas impunément comme tu le fais, mais je ne tiens pas à me couper la gorge avec un ancien camarade. Et puisque tu m’as… de bonne foi, je veux bien le croire… considéré comme ton associé, je consens à payer la moitié de la somme.

— C’est heureux, grommela Gustave.

— Seulement, je ne l’ai pas, tu le sais. Et je te demande de me l’avancer pour quelques jours… le temps d’écrire à ma mère et de recevoir sa réponse. Elle m’enverra l’argent, j’en suis certain, dût-elle hypothéquer nos immeubles.

— Bon ! je puis à la rigueur régler demain avec Galimas, puisque j’ai chez moi une quinzaine de mille francs, et attendre que tu me rembourses. Mais je n’en ai pas vingt mille, et il faut que tu réintègres demain à la caisse de ton patron les dix