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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/43

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billets qui viennent de s’envoler dans la poche de ce veinard.

— Alors, murmura Bécherel, je n’ai plus qu’à me brûler la cervelle.

— Il est toujours temps d’en venir là. Te voilà bien avec tes exagérations ! quand on a quatre cent mille francs de biens au soleil, on ne se fait pas sauter le caisson à propos d’une culotte de dix mille francs. On les emprunte.

— À qui ?… tu ne les as pas, et il me les faut pour demain matin.

— À « Rubis sur l’ongle », parbleu !

— Qu’est-ce que c’est que ça ?… te moques-tu de moi ?

— En aucune façon. Rubis-sur-l’ongle — de son vrai nom Marcandier — est un brave usurier qui m’a dix fois rendu des services d’argent. Il paie toujours comptant, et c’est ce qui lui a valu ce sobriquet glorieux que tu as pris pour une plaisanterie.

— Mais il ne me connaît pas, cet usurier !

— Il me connaît, moi, et ça suffit pour qu’il te prête la somme et même une plus forte, dès que je l’aurai renseigné sur ta solvabilité. Et, à ma recommandation, il ne t’écorchera pas. Il ne t’en coûtera guère que trente pour cent… soit : mille francs pour trois mois, y compris la commission de Banque et autres accessoires.

— C’est pour rien ! dit Bécherel avec une grimace ironique. Mais je ne suis pas en situation de marchander. Et tu crois que l’affaire peut se conclure dans la matinée ?

— J’en réponds.