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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/44

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— Alors, tu me conduiras chez cet homme ?

— Non. Si j’y allais avec toi, il s’imaginerait peut-être que c’est de ma part un acte de complaisance, pour ne pas désobliger un ami dans l’embarras. Il vaut mieux, je crois, que je le voie seul. Je serai chez lui demain matin, à huit heures. Je lui expliquerai ta situation, tes ressources et je lui offrirai de te cautionner. Il a en moi une confiance entière. Tu pourras te présenter à neuf heures. Dix minutes après, tu auras ton argent.

— Tu ne lui diras pas, j’espère, que cette somme, si bêtement perdue, n’était pas à moi.

— Jamais de la vie. Je ne lui dirai même pas que tu es chez Labitte. Je t’annoncerai comme un fils de famille qui mange son patrimoine.

— Ça m’est égal. J’irai chez l’homme à neuf heures précises. Où demeure-t-il ?

— Dans une assez vilaine rue, qu’on appelle la rue Rodier… et son appartement ne paie pas de mine. Mais son coffre-fort est plein et la maison est à lui.

— Où prends-tu la rue Rodier ?

— Elle va en montant, depuis la rue Choron jusqu’à l’avenue Trudaine… quartier des Martyrs.

— Bon ! je la vois d’ici.

— Eh bien, Rubis-sur-l’ongle demeure au numéro 24, au troisième. La portière loge à l’entresol. Tu demanderas M. Marcandier. Elle t’indiquera l’escalier. Et quand tu seras à la porte, tu sonneras trois fois, coup sur coup. Marcandier n’ouvre pas à tout le monde. Il craint les voleurs… et les indiscrets. Mais il te recevra, car je lui aurai annoncé ta visite. Une fois que tu seras dans la