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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/45

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boîte, aborde carrément la question et prends-le de très haut avec lui. Les financiers de cette trempe sont comme les femmes ; pour en obtenir ce qu’on veut, il faut les brusquer.

— Je n’y manquerai pas. Et, puisque tu me l’affirmes, je compte absolument que j’emporterai les dix mille. J’en serai quitte pour en emprunter onze à mon notaire de Rennes, avant l’échéance du billet que je vais souscrire à ce vieux Shylock. L’important, c’est que je puisse demain matin me mettre en règle avec la caisse. Maintenant, revenons à mon affaire avec ce coulissier. Tu me serviras de témoin.

— Comment !… sérieusement, tu veux te battre avec Galimas ?

— Et je me battrai, à moins que cet homme ne soit un lâche.

— Un lâche ? non. Il se bat tout comme un autre. Il s’est déjà battu… entre une opération de report et un achat de primes. Il ne tire même pas mal l’épée et le pistolet. Toi non plus, je le sais. Mais il ne vaut pas que tu risques ta peau contre la sienne. C’est un vilain monsieur… la plus méchante langue que je connaisse. Si tu le forces à te rendre raison… de quoi, je me le demande… il ira crier partout que c’est à propos de la pianiste et il ne se gênera pas pour dire des horreurs de cette pauvre fille. La comtesse de Malvoisine la congédierait et la petite a grand besoin de ses appointements pour vivre.

— Je serais désolée de lui nuire, mais je ne peux pas en rester là. Galimas m’a dit qu’il attendrait mes témoins.