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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/52

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Le cœur était resté bon. Le caractère manquait de consistance.

Donc, pendant les heures qui s’écoulèrent entre sa sortie du salon de la rue du Rocher et sa visite forcée au sieur Marcandier, Robert pensa surtout à Violette.

Rien ne manquait à cette ébauche d’aventure.

Violette était charmante et le mystère qui entourait son existence était un attrait de plus pour un homme affligé d’une imagination vive.

D’où venait-elle cette gracieuse jeune fille, cette artiste merveilleuse ? Qu’y avait-il dans son passé et par quelle succession de hasards l’enfant élevée dans un couvent de Rennes était-elle venue échouer, pianiste et chanteuse à gages, chez une comtesse équivoque ? Le colonel Mornac, grand connaisseur en ces matières, ne craignait pas de se porter garant de sa vertu. Et le sceptique Gustave lui-même ne disait que du bien de l’orpheline jalousée par la belle Herminie.

Robert, tout disposé à les en croire, se demandait ce qu’elle allait devenir, maintenant que Mme de Malvoisine l’avait congédiée. Habitait-elle la maison de la rue du Rocher ? Il avait négligé de s’en informer, et, comme il se proposait de n’y plus remettre les pieds, il ne savait pas s’il la reverrait jamais. Elle avait accepté sa carte, mais lui écrirait-elle ? Et, si elle lui écrivait, que pourrait-il faire pour lui venir en aide ? À quoi le mènerait, d’ailleurs, cette amitié que Violette lui offrait, sans lui laisser espérer qu’un sentiment plus tendre pourrait naître plus tard d’une liaison si singulièrement commencée ?