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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/53

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Ces questions et bien d’autres encore qu’il se posa sur le même sujet troublèrent son sommeil beaucoup plus que le souvenir de la partie d’écarté et de sa querelle avec le coulissier Galimas.

Finalement, après avoir envisagé sous toutes ses faces cette situation, nouvelle pour lui, il se promit d’aller très prochainement voir le colonel, qui ne refuserait sans doute pas de le renseigner et même de le conseiller.

Un peu calmé par l’espérance de savoir bientôt à quoi s’en tenir, il se leva avant huit heures et sonna son groom, — car ce secrétaire appointé à cinq cents francs par mois avait un groom et un très joli appartement de garçon, absolument comme s’il eût vécu en ces temps lointains où les héros des romans de Paul de Kock roulaient en cabriolet et entretenaient des danseuses avec six mille livres de rentes.

Le groom était l’enfant d’un de ses fermiers, un jeune gars des environs de la Prévalaye, très attaché à son maître et déjà très déluré.

L’appartement avait été meublé par Mme de Bécherel qui était venue installer son fils à Paris et qui avait fait les choses grandement. Robert avait un salon, une chambre à coucher et un fumoir arrangé avec un goût parfait. Rien n’y manquait, pas même les objets d’art et Robert s’y plaisait fort. Il y déjeunait à peu près tous les jours, Jeannic ayant assez de notions culinaires pour préparer les œufs et la côtelette traditionnels.

Ses fonctions de secrétaire particulier n’occupaient Robert que deux heures le matin et deux heures l’après-midi. Il avait donc beaucoup de