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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/55

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montée où les cochers ne s’aventurent pas volontiers, car elle est si mal pavée qu’ils craignent de briser les ressorts de leurs voitures.

C’est un couloir étroit entre deux rangées de vieilles maisons. Quelques-unes surplombent. Les autres, à peu d’exceptions près, montrent des façades décrépites et des fenêtres disparates qui semblent avoir été percées au hasard.

Avant d’atteindre le point où elle coupe à angle droit la rue de la Tour-d’Auvergne, Robert vit à sa gauche, au-dessus d’une porte de mauvaise apparence, le numéro indiqué par Gustave. Il était averti que Marcandier ne logeait pas dans un palais, et cependant il hésitait à entrer.

— Cette maison a la physionomie d’un coupe-gorge, dit-il entre ses dents. Et, au fait, c’en est un, puisqu’elle abrite un usurier.

Elle avait trois étages, trois fenêtres superposées et hermétiquement closes ; pas de boutiques au rez-de-chaussée et une porte bâtarde ouverte sur une allée d’un aspect peu engageant.

— Et dire qu’un capitaliste habite une telle baraque ! reprit-il. C’est à n’y pas croire. Enfin !… à bon vin pas d’enseigne !… et pourvu qu’il m’allonge, séance tenante, dix billets de mille francs, c’est tout ce que je demande.

Il se décida à franchir le seuil et, au bout d’un corridor obscur, ses pieds heurtèrent le premier degré d’un escalier détraqué. Il s’accrocha d’une main à une rampe toute gluante d’humidité et après avoir monté une dizaine de marches vermoulues, il entrevit une lueur rougeâtre et il entendit une voix enrouée lui crier :