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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/56

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Quoi que vous demandez ?

Cette voix sortait d’une sorte de niche creusée dans le mur, et il s’efforça d’apercevoir la créature qui l’interpellait ainsi. Il n’y réussit pas tout d’abord, mais une âcre odeur de cuisine lui apprit que la clarté douteuse qui tremblotait devant ses yeux venait d’un foyer où cuisait quelque mets à l’usage spécial des portières.

C’est-il vous qui venez pour les serrures ? reprit la voix.

Cette fois, Bécherel reconnut positivement que cet agréable organe était celui d’une femme et il essaya de pénétrer dans l’antre au fond duquel elle se tenait. Il y fut accueilli par un horrible miaulement.

— Faites donc attention ! vous allez écraser Mistigris ! vociféra la préposée à la garde de l’immeuble du sieur Marcandier.

Mistigris était un chat dont les prunelles luisaient dans l’obscurité, pour compléter l’aspect diabolique de cette loge, digne en tout point d’une sorcière.

— Je demande M. Marcandier, dit Robert.

Au lieu de lui répondre, la femelle se pencha sur son foyer, se releva tenant à la main une chandelle allumée et s’avança jusqu’à l’entrée de sa caverne.

Jamais plus hideuse vieille ne se montra sous un plus ignoble accoutrement. Le trait saillant de son visage était un nez recourbé comme un bec d’oiseau de proie, et son costume se composait d’un indescriptible amas de guenilles de toutes les couleurs.

Elle examinait Robert avec ses petits yeux ronds, des yeux de chouette, et elle ne se pressait pas de répondre.