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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/61

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— Monsieur Marcandier ? demanda-t-il.

— C’est moi, répondit une voix de basse. Qui êtes-vous ?

— Je viens de la part de mon ami, Gustave Pitou.

Un verrou grinça ; la porte s’entrouvrit et la voix reprit en se radoucissant :

— Je vous attendais. Entrez, cher monsieur.

Bécherel entra en se disant : voilà un usurier bien familier. Il ne m’a jamais vu et il me donne du : Cher monsieur. Cette onctueuse politesse va sans doute me coûter cher.

D’après ce qu’il avait vu depuis qu’il avait franchi le seuil de cette maison borgne, Robert s’attendait à être introduit dans un cabinet orné de crocodiles empaillés et autres accessoires à l’usage des marchands d’argent du vieux style. Il fut très étonné de trouver un salon élégamment meublé. Il y avait un bureau Louis XVI en acajou massif, des sièges capitonnés, des bibelots japonais et même une bibliothèque pleine de livres richement reliés.

Autre surprise : à neuf heures du matin, ce salon était éclairé par deux lampes.

Il est vrai qu’on ne se serait pas douté qu’au dehors il faisait grand jour, car les fenêtres, s’il en existait, étaient complètement masquées par d’épais rideaux de tapisseries anciennes.

— Veuillez vous asseoir, cher monsieur, reprit Marcandier en prenant place derrière le bureau. Je viens de recevoir la visite de cet excellent Pitou et je sais à quelle circonstance je dois l’honneur de la vôtre.