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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/62

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— Alors, dit Robert en s’asseyant, il est inutile que je vous explique…

— Parfaitement inutile. Gustave m’a tout raconté. Vous êtes allé avec lui passer la soirée chez la comtesse de Malvoisine. On a joué à l’écarté. Vous vous êtes associés, et à vous deux, vous avez perdu mille louis, dont cinq cents sur parole. Il vous les faut ce matin, car vous les devez à ce faquin de Galimas qui ne vous ferait pas crédit de vingt-quatre heures.

Et vous venez me demander de vous les prêter.

— C’est bien cela. Gustave m’a assuré que vous pourriez.

— Il ne vous a pas trompé, cher monsieur. J’aime à obliger les jeunes gens et ma situation de fortune me le permet. Je vais donc vous remettre les dix mille francs dont vous avez besoin. Mais je tiens à vous édifier d’abord sur ma personne. Vous avez cru, je le parierais, que votre ami vous adressait à un usurier. Vous devez voir maintenant que je n’en ai pas l’air.

C’était vrai. Marcandier montrait une figure avenante, il était vêtu comme un gentleman et il ne paraissait pas avoir plus de quarante-cinq ans.

Robert, ébahi de ce préambule, ne put que s’incliner en signe d’acquiescement.

— Ce n’est pas à dire que j’oblige gratis ceux qui s’adressent à moi, reprit Marcandier. En échange des dix mille francs que je vais vous compter, vous allez me souscrire un effet de onze mille francs, à trois mois. Je vous prête donc à un intérêt que les sots appellent usuraire. Moi, j’ai sur ce point des idées particulières. Je soutiens