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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/87

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plus ou moins spéculateurs. Les déjeûneurs que tu vois sont des capitalistes qui jouent sur les cours. Ceux-là se ruinent quelquefois et s’enrichissent très souvent. Les autres sont des courtiers qui viennent prendre leurs ordres de vente ou d’achat et aucun de ces financiers en herbe ne gagne moins de dix à douze mille francs par an. Ça vaut bien la peine de déroger.

— Je ne dis pas le contraire. Mais je n’ai pas la vocation.

— Elle te viendra. Et d’ailleurs, rien ne t’empêche de jouer pour ton compte, tout en faisant du courtage. C’est même le moyen de ne faire que de bonnes spéculations… quand on est bien conseillé… et je m’en charge de te conseiller. Avec ta situation de propriétaire foncier, tu auras tout le crédit que tu voudras.

— Merci ! dit brusquement Robert. Parle-moi plutôt de ce qui s’est passé chez ta comtesse de Malvoisine après mon départ. Cette jeune fille… Mlle Violette… est-elle restée dans le salon jusqu’à la fin de la soirée ?

— Comment ! s’écria Gustave, tu penses encore à cette petite ! Elle est gentille, je ne dis pas le contraire… mais t’inquiéter d’elle, au moment où tu es dans l’embarras, c’est trop fort. Décidément, mon pauvre ami, tu n’es pas sérieux et tu ne le seras jamais, je le crains.

— Ça me regarde, dit Bécherel avec impatience. Je te demande encore une fois de me dire ce qui s’est passé là-bas, après mon départ.

— Eh bien ! ta pianiste est sortie du salon un peu après toi, et plus tard, la comtesse m’a dit