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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/96

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Qu’est-ce que tu dis de ça, hein ? avais-je raison de te dire que le métier avait du bon ?

— Et du mauvais aussi, morbleu ! Cette exploitation d’une fausse nouvelle est une véritable filouterie et, je le répète, je refuse absolument d’en profiter.

— Libre à toi, mon cher. Mais tu ne refuseras pas, j’espère, d’aller toucher chez l’agent. Toi seul as qualité pour recevoir l’argent, puisque l’opération a été faite en ton nom. Et je ne fais pas fi de la somme, moi… ni mon associé non plus.

Si tu veux nous l’abandonner, nous nous en accommoderons, mais il faut que tu signes le reçu. Tu ne voudras pas me faire perdre l’argent que j’ai gagné.

— Eh bien, soit ! je le toucherai pour toi, mais je dirai à l’agent comment les choses se sont passées.

— Ce serait encore pis. Tu ruinerais complètement mon crédit. Si on savait dans le monde des affaires que j’ai opéré en ton nom, sans t’avoir consulté, je ne trouverais plus une maison qui consentît à exécuter un ordre de moi. Je n’aurais plus qu’à me jeter à l’eau, et tu serais cause de ma mort. Ce serait une singulière façon de me remercier d’avoir mis plus de trente mille francs dans ma poche.

— Je n’en veux pas, te dis-je.

— J’ajoute que tu te ferais beaucoup de tort à toi-même, si tu disais la vérité à l’agent. On te reprocherait d’avoir été mon prête-nom. On ne croirait pas que j’ai agi sans te consulter et tu passerais pour avoir, d’accord avec moi, trompé un coulissier sur ta solvabilité.