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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/12

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comparaiſons ; j’étudiois ſes airs, ſes mines, ſes paroles, & ce n’étoit pas dans ce qu’elle avoit de bon, que j’excellois à la copier.

J’allai plus loin ; je devins jalouſe des hommages qu’on lui prodiguoit : on me diſoit que j’étois jolie ; mais ce n’étoit pas du même ton qu’à elle. Je deſirois ce je ne ſais quoi, que je ne me définiſſois pas, mais qui me paroiſſoit extrêmement flatteur. Mon cœur cherchoit à s’occuper ; mon imagination fermentoit : cela va de ſuite.

Perſuadée que la différence qu’on mettoit entre ma mere & moi, n’avoit pour fondement que le plus ou le moins de beauté, je redoublai d’efforts pour arriver au même terme. Ma coëffure devint une affaire très-importante… Madame de Tournemont s’y montroit difficile ; je ne manquai pas de me le rendre auſſi…

Mes fréquentes humeurs déplurent, avec raiſon, aux femmes qu’on chargeoit de ma parure ; elles porterent des plaintes à ma mere ; je fus citée à ſon tribunal, & j’y comparus au moment de ſa toilette : là, les yeux attachés ſur ſon miroir, elle me tança vivement, pour avoir conſulté le mien.

La réprimande porta ſur pluſieurs objets. On parla des vertus chrétiennes, d’actes de religion que je ne voyois pratiquer à qui que ce fût. Cette maniere de prêcher ne pouvoit