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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/134

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& les agréments dont une union bien aſſortie vous fait jouir.

Diſpoſée comme je l’étois, il ne m’en coûta rien pour en faire la promeſſe, & peu de choſe pour l’exécuter. De ce jour, toutes mes attentions pour Mademoiſelle d’Aulnai ſe bornerent à des viſites de bienſéance, où je ne manquois pas de me faire accompagner par quelqu’un.

Pluſieurs mois s’écoulèrent rapidement. Le ſouvenir de Rozane ne troubloit pas ma ſatisfaction. Il obtint, en ce temps-là même, un Régiment. Je mis à cette nouvelle une médiocre importance, & n’étois pas bien d’accord avec moi-même, ſur le deſir de le revoir. Ma mere, qui me ſuivoit de l’œil, ne me vit pas plutôt où elle s’étoit flattée de m’amener, qu’elle ſe rendit aux prières de M. de Rozane pour le retour du Comte : c’étoit ſe ménager le double plaiſir d’obliger le pere, & de ſe venger du fils, en le rendant témoin de mon goût pour un autre.

J’ignore ſi ma mere voulût ſe faire un jeu de ma ſurpriſe, ou m’examiner dans un premier mouvement ; ce que je fais, c’eſt qu’elle ne me prévint point ; que ſur quelque prétexte elle m’appella chez elle, où je me trouvai ſeule entre elle & ſon mari, à l’inſtant de l’arrivée du Comte. Le bou-