Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 23 )

leverſement que me cauſa cette vue inopinée, me fit jetter un cri. Pour Rozane, tremblant, interdit, il balbutia quelques mots que perſonne n’entendit, que peut-être il n’entendoit pas lui-même, me ſalua ſans lever les yeux, & ſe plaça de maniere à me ſauver l’embarras de laiſſer tomber les miens ſur lui.

Ce procédé étoit d’une délicateſſe trop recherchée : je ne le ſentis point ; & n’y vis qu’une marque de froideur qui me fâcha.

Le Marquis rayonnant de joie, accabloit ſon fils de queſtions, auxquelles il répondoit oui, & non, au hazard, preſque toujours de travers. La tête baiſſée ſur mon ouvrage, je le tournois, & le retournois de tous côtés. Ma mere ajoutoit à mon embarras par ſes regards furtifs, & ſon ſouris en deſſous. La préſence de Murville me manquoit : il arriva.

A ſon début, j’eus lieu de penſer qu’il avoit été mieux informé que moi de l’événement du jour. L’air aiſé, les bras ouverts, il aborda Rozane, & l’accueillit comme l’homme du monde qu’il auroit le plus de plaiſir à revoir. Celui-ci, au contraire, ne ſe prêta qu’avec une réſerve qu’on auroit pu qualifier de répugnance.

Ces compliments, ces embraſſades, ou peut-être la malice de mon mari, occaſion-