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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/137

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d’autant plus évidente, que j’étois reſtée, de ſa part, fort tranquille dans l’abſence de Rozane, je le repouſſai pluſieurs fois avec aigreur, & tombai dans une rêverie dont tout le monde dut s’appercevoir.

J’accélérai mon départ de chez ma mere, tant pour me délivrer d’une telle perſécution, que pour être du moins en liberté de penſer. L’impitoyable Baron ſe plut à tromper mes eſpérances ſur l’un & l’autre point ; il me ſuivit dans ma chambre, malgré le beſoin de ſommeil que je prétextois pour l’en éloigner.

Venez, me dit-il, en me ſaiſiſſant le bras, & m’arrêtant devant lui d’une maniere badine. Regardez-moi… Regardez-moi donc… Pourquoi détournez-vous les yeux ? Pourquoi ce petit air d’impatience ?… Comment, de la rougeur !… de la dignité auſſi ! la choſe prend de la conſiſtance ; il faut la diſcuter gravement… Et bien, allons au fait ; écoutez, j’ai des vérités importantes à vous dire.

Entre nous, mon enfant, votre conduite d’aujourd’hui eſt plus que ſuffiſante pour vous donner un travers… Des travers ! à votre âge ! ce ſeroit le moyen de paroître ſurannée à vingt-cinq ans : eh, qu’eſt-ce qui vous auroit attiré ce déſaſtre ? Rien, ou autant vaut.