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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/117

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ſpectacles, aux promenades, dans les maiſons où j’allois d’habitude, par-tout je le rencontrois, & par-tout il cherchoit à me faire deviner ce qui l’attiroit ſur mes pas.

Ces préliminaires le conduiſirent à me demander la permiſſion de me faire ſa cour. J’entendis ce que cela ſignifioit, & conſentis à le recevoir. Sa déclaration fut plus étudiée, plus recherchée qu’il ne falloit pour m’en perſuader la vérité : mais je ne me rendis pas difficile ſur la maniere ; aux lieux communs de l’amour, j’oppoſai ceux de la coquetterie : ne promettant rien, laiſſant eſpérer beaucoup ; ainſi l’exigeoient mes deſſeins.

Nous continuâmes de nous voir : l’abſence du Comte nous favoriſoit. Je parlai de l’Intendante, j’affectai de la jalouſie… Cardonne m’avoua qu’il avoit eu du goût pour elle ; qu’il en étoit encore paſſionnément aimé ; que la pitié, la prudence l’obligeoient d’uſer de ménagements ; qu’il étoit dangereux d’irriter à un certain point, une femme emportée & vindicative. Quel champ il ouvroit à ma haine, par cette façon de s’exprimer ! je me donnai carriere, & peignis Madame d’Archenes avec des pinceaux trempés dans le fiel.

Au récit des chagrins qu’elle m’avoit cauſés, il prit feu, outra l’indignation, jura