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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/118

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qu’il romproit avec elle, & la rendroit auſſi odieuſe qu’elle le méritoit, s’il n’étoit retenu par la crainte de me compromettre.

Tant de circonſpection n’alloit pas à mon but. Il étoit eſſentiel à ma vengeance que ma rivale fût qu’on me la ſacrifioit ; mais il ne me convenoit pas d’en témoigner le deſir… Je remis le ſuccès de cette entrepriſe, au temps & à mon adreſſe.

Cardonne pourſuivoit ſon chemin, faiſoit des progrès, quand le Comte revint à Paris. Sa préſence nuiſoit à mes vues ; la joie grimaça ſur mon viſage en le recevant.

Deux jours après, il trouva Cardonne à ma toilette, & je démêlai ſa ſurpriſe, ſon mécontentement : celui-ci le prévint par des démonſtrations d’amitié, qui ne prirent pas… La politeſſe froide de Rozane l’obligea de changer de ſtyle, & même de ſe retirer.

Vous avez, quand il vous plaît, un accueil bien glacé, dis-je ſéchement au Comte. Eh ! vous en faites la matiere d’un reproche, relativement à Cardonne, s’écria-t-il : ſi j’étois mortifié de l’avoir trouvé à votre toilette, je le ſuis bien davantage de ce que vous embraſſez ſi vivement ſes intérêts… Quoi, vous voyez cet homme ! vous le protégez ! avez-vous donc oublié ce qu’il eſt à Madame d’Archenes ? Je ſais, dis-je, qu’il