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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/135

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pée de terreur, ne me préſentoit que des choſes extrêmes… Les intentions de Rozane éclaircies, je changeai les miennes ; il ne vouloit que me fuir, & moi je voulois que mes démarches euſſent aſſez de dignité pour regagner ſon eſtime avant que de le revoir. Tout combiné, je ſentis que les préliminaires de ma réconciliation exigeoient un médiateur, & ce fut encore ſur mon beau-pere que je jettai les yeux : il devoit avoir tant d’intérêt à me réunir avec ſon fils, qu’on ne pouvoit pas mettre en queſtion s’il voudroit y travailler… Je lui adreſſai donc une requête, où rien n’étoit ménagé pour ma défenſe ; où tout étoit meſuré ſur le deſir que j’avois de me rejoindre au Comte… Mon ſyſtême m’obligeoit de parler ainſi.

Le Marquis me manda, qu’une attaqua de goutte l’avoit ſurpris en ſortant de chez moi ; que ſans elle il ſeroit déjà ſur les traces du Comte pour tâcher de le ramener… Qu’il alloit écrire… Que ma lettre partiroit avec la ſienne ; mais que, vu le caractere de ſon fils, il eſpéroit peu de cette tentative.

Sa défiance ne m’en inſpira point ; la difference de nos diſpoſitions faiſant celle de nos jugements, je reſtai perſuadée que ce qui n’avoit point ému le Marquis, ſeroit la plus forte impreſſion ſur le Comte.