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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/136

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La maladie de mon beau-pere me fournit un nouveau prétexte… J’écrivis à lui, à ma mere ; une fois, deux fois… Ils garderent un rigoureux ſilence… Je me tins pour dit qu’il falloit me taire, juſqu’à ce que Rozane eût rétabli, par ſon retour, l’ordre des choſes.

En attendant je continuai de garder ma maiſon, de n’y recevoir qui que ce fût, par l’embarras du choix. Je redoutois la ſévérité des uns, je ſuſpectois l’amitié des autres. Depuis plus de deux ans, Madame de Saintal habitoit la Province, où ſon fils étoit marié… Il fallut reſter ſeule, & dévorer mon impatience.

Monſieur de Rozane m’envoya la réponſe de ſon fils, ſans y ajouter un mot. Rien de plus tendre, de plus touchant que le premier article : il ne parloit que de ſon pere & de lui-même. Rien de plus atterrant que le ſecond : c’étoit le mien.

„ Vous me mandez, d’après la Comteſſe de Rozane, qu’elle n’eſt coupable que d’imprudence ; mon pere… Cela peut être… Il faut lui dire que je le crois. Si cette façon de penſer contribue à ſa tranquillité, j’en ſerai fort aiſe ; mais fût-elle établie ſur une parfaite évidence, elle ne me rendroit point mon bonheur… Mes vœux les plus ardents alloient à poſ-