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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/137

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ſéder la tendreſſe de ce que j’aîmois ; j’avois cru me l’aſſurer par des nœuds indiſſolubles… Quelle erreur ! J’étois un aveugle, qui ſe plaiſoit à l’être. Aujourd’hui mes yeux ſont deſſillés, pour ne ſe refermer jamais. La femme que je m’étois choiſie, ne porte mon nom qu’à regret ; ſa main a pu l’écrire, & la lettre que vous m’avez fait paſſer le confirme. Quelle chaleur d’amour-propre !… quel ton ! quel froid ! quelle aridité de ſentiment pour tout ce qui ne lui eſt pas perſonnel ! Mon pere, je me connois trop au langage du cœur, pour qu’elle puiſſe m’abuſer par des phraſes… N’en parlons donc plus… Je ne retournerai point avec la Comteſſe de Rozane… Je ne pourrois faire que ſon ſupplice. Il ne dépend pas de moi d’être moins délicat, moins exigeant dans mes affections ; peut-être ne dépend-il pas d’elle d’être plus ſolide, plus éclairée, plus conſtante dans les ſiennes,… &c. &c.

Malgré cette diſpoſition, il me recommandoit à ſon pere,… le prioit d’engager Madame de Rozane à me protéger, à me garantir des atteintes de la médiſance… Il portoit l’attention juſqu’à ſuggérer des prétextes pour faire retomber ſur lui le blâme de notre ſéparation.