Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 47 )

Que devins-je à cette lecture !… Tout mon échafaudage s’écroula… Je ne vis plus que des précipices entre leſquels j’allois marcher, au riſque de tomber à chaque pas… Comment reparoître dans le monde ? quel rôle y jouer ?… que dire ?… que répondre ? C’en étoit trop que d’avoir à réſoudre de telles difficultés… Guidée par mes ſeules lumieres, par ces lumieres trompeuſes qui m’avoient ſi ſouvent égarée, je ne pouvois prendre qu’un mauvais parti. Sans m’informer ſi ma mere & le Marquis me recevroient en grace, à la priere du Comte ; ſi ma réconciliation avec lui étoit réellement déſeſpérée, je m’enfuis à la campagne, au mois de Février, auſſi ſecrétement que ſi j’euſſe été pourſuivie.

Marcelle, que j’avois laiſſée à Paris pour m’inſtruire de ce qu’elle entendroit, m’écrivit que Monſieur & Madame de Rozane avoient appris mon départ avec un étonnement mêlé de chagrin ; qu’il leur étoit échappé de dire : Elle eſt donc folle ! elle veut ſe perdre !… Ce peu de mots me fit ſoupçonner que je pouvois bien avoir fait une extravagance, en fuyant de mon côté, quand Rozane fuyoit du ſien, ſans qu’on ſût pourquoi ; & dans le temps même où je me faiſois dire aſſez malade pour ne recevoir perſonne… Quel moyen de réparer