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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/145

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cution, l’intervalle fut ſi court, que je n’eus pas le temps de réfléchir à ce que j’allois faire.

Des connoiſſances que j’avois à Autun, jointes au deſir de voir ſouvent ma fille, me déciderent à y prendre une maiſon ; je la montai ſur le ton de la très-grande opulence, & j’en fis le rendez-vous de ce que la ville poſſédoit de plus aimable dans les deux ſexes. On n’ignoroit point mes aventures, on les avoit même groſſies, comme par-tout ailleurs ; mais on les pallioit en faveur de mes richeſſes & de l’uſage que j’en faiſois, pour l’agrément des uns, le ſoulagement des autres. Répandant, communiquant, animant tout ; donnant des fêtes, tenant table ; jouant beaucoup, fort mal, perdant noblement, je m’érigeai une petite ſouveraineté, qui me ſembla d’abord préférable à l’état que j’avois tenu dans Paris, parce que je ne recevois d’ombre de perſonne.

Point d’homme qui ne tînt à honneur de ſe ranger au nombre de mes eſclaves ; point de femme qui ne ſe ſentît éclipſée par mon faſte, par les graces que j’avois apportées de la capitale, & qui pourtant ne deſirât d’être admiſe dans ma ſociété.

Le fracas du préſent, étouffa le ſouvenir du paſſé. Ma figure, un peu maltraitée, re-