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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/159

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premier coup d’œil, & d’examiner à loiſir mes reſſources. Combien il m’en eſt échappé depuis peu de temps ! Je ne ſuis plus ce que j’étois, il y a quatre mois, ni pour la figure, ni pour la richeſſe, ni même pour l’âge ; car la laideur a raccourci l’intervalle qui me ſéparoit encore de la vieilleſſe… C’eſt à moi d’achever la révolution totale, en embraſſant un genre de vie convenable à ma nouvelle ſituation. Mon choix ne peut balancer qu’entre la dévotion & le bel eſprit. J’ai certainement plus de fonds qu’il n’en eſt beſoin pour me ſoutenir avec honneur dans celui-ci ; mais il nous tient toujours aux portes du ridicule… Je ne l’aime pas. L’autre m’étoit à peu près inconnu, avant que d’entrer dans cette maiſon : celles qui l’habitent, m’en ont fait naître l’idée. Je veux juger de ce qui produit ce calme, cette douceur, qu’elles préferent, diſent-elles, à tous les plaiſirs du monde… D’ailleurs il faut avoir un ſentiment quelconque pour ne pas végéter. Ceux qui m’ont occupée juſqu’à ma métamorphoſe, ne ſont plus à mon uſage… On aſſure que les dévots en éprouvent de délicieux… J’en eſſayerai.

Ma franchiſe ſemble vous étonner, ajouta-t-elle : elle m’étonne auſſi… J’en cherche la cauſe… Peut-être vous ne la devez qu’aux changements qui me ſont arrivés. Il