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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/165

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la preſſa contre ſa poitrine… Ciel ! s’écria-t-il, à quelles épreuves voulez-vous mettre ma raiſon ?… Aimable & cher enfant ! Quels regrets, quels déchirements tu feras ſouffrir à ton pere !… Ah, Mademoiſelle ! le ſacrifice en étoit fait… Vous m’auriez rendu ſervice, en ne l’amenant pas ici… Eh ! vous, Madame, qu’y venez-vous chercher ? de l’ennui, de la triſteſſe ?… En vérité, vous avez eu tort de quitter des lieux où vous étiez heureuſe. — Heureuſe ! Ah, mon ami ! reviens de cette fatale erreur : crois, au contraire, que jamais… J’en crois les faits, interrompit-il, & les croirai toujours. Maîtreſſe de choiſir la route qui pouvoit vous conduire au bonheur, vous avez pris celle… L’arrivée de mon carroſſe l’empêcha de pourſuivre.

Nous partîmes avant que j’euſſe fait la plus légere attention à l’extrême changement du Comte ; mais aſſiſe, en face de lui, dans la voiture… quels reproches je me fis en conſidérant mon ouvrage ! Rozane n’étoit plus que l’ombre de ce qu’il avoit été. La langueur avoit altéré ſes traits, & flétri ſa jeuneſſe… Il ne lui reſtoit que cet air noble, intéreſſant, dont la mort ſeule pouvoit effacer l’empreinte.

Mes yeux ſe rempliſſoient de larmes, je les baiſſois, je les détournois chaque fois