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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/166

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que je rencontrois les ſiens. Ce ſoin continuel lui fit deviner le ſujet de mon attendriſſement. Vous ne me trouvez plus le même, dit il, c’eſt une des choſes dont je voulois vous épargner le déſagrément, en deſirant que vous reſtaſſiez loin de moi… J’allois répondre, il pouvoit s’enſuivre une explication fatigante pour le Comte ; Mademoiſelle des Salles me le fit prudemment obſerver… N’oſant plus parler de moi, je ne parlai plus de rien, & ma fille remplit la converſation.

Ce lieu où je débutois, avoit été le berceau de Rozane, & ſon ſéjour dans ſa premiere jeuneſſe. Aimé, eſtimé dès-lors, il s’étoit fait adorer dans la ſuite… Perſonne n’attribuoit notre ſéparation à un trait d’humeur, à une injuſtice de ſa part. On m’auroit mépriſée, déteſtée ſur la foi de ſes vertus… Les propos des domeſtiques avoient achevé de me rendre odieuſe. Tremblants pour un bon Maître qu’ils voyoient périr, & dont ils m’accuſoient d’être le bourreau ; regrettant Paris, s’ennuyant dans la ſolitude, chacun d’eux ſe regardoit comme ma victime, & ne parloit de moi qu’avec indignation.

Je démêlai les ſentiments que j’inſpirois, au trouble, au tumulte qui regnoient dans le village & le château… On s’agitoit, on