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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/29

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votre penchant à changer : quels motifs pour une paſſion comme la mienne ! votre poſſeſſion même à ce prix, auroit pu flatter mes deſirs, & non me rendre heureux ; comblé de vos bontés, j’en aurois rappellé le principe, qui ſeul auroit ſuffi pour en détruire le charme.

Ce ſont là, Madame, les véritables raiſons de ma conduite envers vous : je n’en fais ni l’apologie ni la cenſure. Quelque ſinguliere que cette conduite ait pu vous paroître, elle n’a été & ne ſera jamais que le ſimple effet de ma façon de voir & de ſentir.

Je n’avois jamais été tant humiliée que je le fus par le diſcours de Rozane. Quel portrait il m’avoit préſenté de moi-même ! quels retours il m’obligeoit de faire ſur mes inconſéquences !… J’avois à ſon égard des torts bien réels, plus même qu’il n’en avoit dit… Ma juſtification étoit la choſe du monde la plus difficile ; je l’entrepris pourtant avec la chaleur qu’on met à une mauvaiſe cauſe, & voulus la fonder ſur ce que j’avois ſouffert pour me conſerver à lui… Madame, interrompit-il, je n’ai jamais penſé que vous euſſiez ſouſcrit, ſans réſiſtance, à mon malheur ; mais plus vous avez combattu, plus la prompte adhéſion de votre cœur à vos nouveaux engagements, plus l’aban-